Un dimanche matin pas comme un autre dans le quartier de La Source. Rues et places aussi chargées que le ciel qui surplombe les 17 étages de la tour vers laquelle des milliers d’yeux et d’objectifs de smartphones sont braqués. Ce matin, on vient dire adieu à la T17.Derrière les barrières qui délimitent le périmètre de sécurité, en attendant les sirènes et le décompte qui annoncent l’explosion imminente, on se remémore les souvenirs de vie, dans ou au pied des 273 logements. Un immeuble emblématique du quartier s’apprête à être réduit en gravats, en l’espace de quelques secondes, après y avoir trôné pendant plus de 50 ans. Les minutes s’étirent, le chronomètre s’arrête. Initialement prévu à 11h pétantes, le tir est décalé, et annoncé à 11h08. Le brouhaha ambiant laisse peu à peu la place au silence. L’appréhension se mêle à l’excitation, sentiment de vivre un moment historique et d’assister à une véritable prouesse technique. Puis un gros « boum », suivi d’autres déflagrations. Les yeux s’écarquillent et la tour vacille. En quelques instants, un nuage de poussière vient masquer les 60 mètres de béton, avant de se dissiper et de laisser sa place à un mont de gravats, et une perspective inédite sur les alentours. Le vide. Et des applaudissements, mêlés au soulagement. La 17 n’est plus. La foule se disperse, semblant donner le top départ du ballet des tractopelles et engins de nettoyage. Déjà on s’affaire à préparer l’après. Et repenser l’avenir. Un futur moins béton, plus vert, avec entre autres la création de jardins familiaux, et l’extension du Jardin de la Renaissance voisin. Une page se tourne, pour mieux écrire une nouvelle histoire.🖊 Michaël Simon 📷 Didier Depoorter - Orléans Métropole Près de 600 habitants dont les logements se trouvaient dans le périmètre de sécurité ont choisi d'être accueillis dans le Complexe sportif de La Source, où ils ont pu suivre la démolition en direct sur écran géant. D'importants moyens ont été mis en place par Orléans Métropole pour permettre au plus grand nombre de suivre l'événement en direct sur ses réseaux sociaux (10 000 personnes en simultané au moment du foudroyage). Un important dispositif de sécurité a été mis en place pour l'occasion, coordonné au niveau du poste de commandement, installé au cœur du quartier, dans les locaux de l'école Kergomard. Rien ne doit être laissé au hasard et absolument personne ne doit se trouver dans le périmètre de sécurité de 200m autour du tir. La police a dû intervenir pour faire respecter cette consigne, d'où le décalage de 8mn par rapport à l'horaire initialement prévu. Dans les rues, sur les places, on se masse derrière les barrières de sécurité pour assister à l'événement. Certains par nostalgie, d'autres par curiosité, mais personne ne voudrait manquer les adieux de la T17. Aux premières loges ! À leur fenêtre, les voisins non concernés par le périmètre de sécurité n'en ratent pas une miette. Bientôt, leur horizon aura complètement été dégagé. En attendant, on croise les doigts pour que tout se passe bien. 1 400 kilos d'explosifs, 3 000 détonateurs, répartis sur 7 niveaux. Il n'en fallait pas moins pour venir à bout des 30 000 tonnes de béton. Des bassins remplis d'eau ont été répartis autour de la tour. En explosant, ils projettent le liquide à une quarantaine de mètres de hauteur, qui va ainsi capter une partie des poussières en suspension, avant de retomber au sol. Il n'aura fallu que quelques secondes pour que le centre de la structure ne s'écroule sur lui-même, permettant aux faces d'en faire de même, à la manière d'un château de cartes. Disparue au milieu d'un nuage de poussière, la T17 n'est désormais plus qu'un tas de gravats. Une étrange vision pour des riverains habitués à la voir trôner depuis leur arrivée dans le quartier. Changement radical de perspective. À l'avenir, l'espace ainsi libéré permettra la création de jardins partagés et familiaux, et l'extension du Jardin de la Renaissance voisin. D'ici là, place au déblaiement ! 3 mois environ sont nécessaires pour évacuer les gravats de la T17, dont la grande majorité sera réutilisée pour de nouvelles constructions. La démolition, en quelques secondes, en vidéo